A une époque où l’initiative individuelle est de plus en plus rare, ils cuisinent et distribuent de la nourriture dans les centres d’aide aux sans-abri, aux immigrés clandestins et aux toxicos. Pour eux, “on peut tout faire, à condition de se lever de son canapé”. Maria Alibardi est passionnée de cuisine. Avec ses deux meilleures amies, elle a décidé de cuisiner pour les autres. Elles ont ainsi fondé le Club activiste des amoureux de la cuisine, et leurs préparations sont destinées aux plus démunis. Trois mois plus tard, elles sont passées de 3 à 85 membres. En plus de savoir cuisiner, pour rejoindre ce club, il faut apporter des plats faits la veille ou le jour même. “Et tous les plats sont contrôlés par nos soins”, note Maria. Pour les trois membres fondateurs, “cuisiner est aussi une manière de communiquer”. “De jour en jour, on remarque de plus en plus de gens, surtout parmi les personnes âgées, qui ont besoin de parler, de nous raconter leur histoire”, disent-elles.
Les Athenistas ne s’arrêtent pas à la cuisine ou à l’aide aux plus démunis. Les jeunes sont aussi concernés. “Nous avons décidé de créer une association pour nous occuper des jeunes de 15 à 28 ans, avec des thèmes qui les concernent” explique Dimitri Kapsinakis, vice-président du Conseil régional des jeunes de la ville. Ainsi, ils sont des dizaines à replanter des arbres dans les espaces verts détruits par les incendies ravageurs de 2007 et de 2009. D’autres organisent des concerts pendant la saison estivale. “C’est la première fois que nous avons la possibilité de contribuer au développement de notre quartier”, note Dimitri, 26 ans. “On fait des propositions pour changer ou améliorer certaines choses. Pas uniquement pour nos besoins immédiats. Nous prenons des initiatives qui porteront leurs fruits dans des dizaines d’années, comme planter des graines. Du coup, Athènes n’est pas la pire des capitales”, se réjouit le jeune homme.
De l’autre côté de l’Acropole, entre l’ancienne Agora et le Rocher sacré, d’autres citoyens s’activent. Armés d’éponges, de balais et de pots de peinture, ils veulent œuvrer pour une Athènes plus belle et s’attaquent aux graffitis, aux tags et autres taches sur les façades de la ville. Ils ont déjà nettoyé plusieurs rues, planté des fleurs dans des jardinières le long des routes et distribué aux Athéniens près de 3 000 plantes dans le centre-ville, pour que chacun puisse décorer son balcon.
Pour les Athenistas, le pari est de pouvoir changer la ville avec peu de moyens et beaucoup de bonne volonté. “Certains n’aiment pas Athènes et la délaissent. Nous, on l’aime”, confirme Dimitri Rigopoulos.
Quatre mois après leur création, les Athenistas ont plus de 5 300 membres et sympathisants sur FaceBook. “On n’espérait pas un accueil si chaleureux. A priori, les gens veulent le changement, ils ont une véritable volonté de faire bouger les choses. Chaque semaine, on organise une action, poursuit Dimitri Rigopoulos. Mais avec l’afflux de nouveaux membres, nous sommes en train de constituer des sections spécialisées. Il y a déjà des équipes Vertes, Architecture et Soutien aux SDF.” Presque tous se déplacent à vélo. Ils plantent des haies de plantes vertes le long des pistes cyclables pour empêcher les voitures de stationner sur ces voies. A Thessalonique, deuxième ville du pays, le mouvement BikeRespect est déjà devenu une véritable institution.
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